La beauté est une chose floue et indéfinie. On peut dire d'une chose, d'une personne qu'elle est belle, sans pouvoir donner de définition à cette vertu. La beauté produit l'émoi, la jalousie, la fascination, toute comme la personne qui la porte. Du haut de son mètre soixante-six, Maria est belle, et personne ne pourra le nier. Des jambes interminables, des courbes délicieuses, un visage à l'aspect irréel, il n'en faut pas plus pour en faire une jeune fille enviée par certains, désirée par d'autres. La coréenne possède un corps athlétique, avec un ventre parfaitement sculpté, mais tout en restant féminine. Toutefois, ce n'est pas cela qui attire le plus le regard. La chose qui accroche le plus le regard des gens, ce sont justement ses yeux. Bridés, comme la majorité des asiatiques, ils sont bruns, presque noirs. Semblables à deux puits sans fonds, on ne peut réellement y décrypter les émotions qui y passent, mais il est tout fois tellement facile de s'y plonger. Son nez, bien que propre à l'asiatique qu'elle est, n'est pas gros. Il n'est pas fin non plus. Disons qu'il est parfaitement proportionné, se fondant dans l'harmonie de son visage. Ses lèvres enfin sont légèrement pulpeuses, juste ce qu'il faut pour être attirantes, sans tomber dans le vulgaire. Enfin, ses cheveux. Une magnifique chevelure tantôt noire, tantôt brune, selon son humeur. Encadrant à la perfection son visage, elle en prend grand soin, aimant s'en servir pour être encore plus jolie.

Une chose est certaine, Maria aime se montrer. Elle n'a aucun complexe, et ça se voit. Elle n'hésite pas à montrer ses belles jambes au hale légers. Jupe ou short, qu'importe, du moment qu'elle puisse les mettre joliment en valeur. Qui plus est, elle ne met jamais de vêtements larges, qui camoufle des formes dont elle n'a pas à rougir. Ses vêtements sont toujours moulants, très élégants, qui lui vont toujours à ravir. Elle n'aime pas vraiment les bijoux, une paire de boucles d'oreilles de temps à autre, seule une bague en argent dont elle ne parvient pas à se séparer autour du doigt. Toutefois, elle aime ce qui brille, et a une tendance à acheter des vêtements ornés de strass, principalement des chaussures, et certain de ses vêtements. Toutefois, à part cela, la jeune fille ne suit pas un style bien particulier, elle porte ce qui lui plait, comme ça lui plait.

Je me souviens de ce qu'elle était, de ce « il était une fois » que beaucoup ont oublié. La plupart des gens la trouve aujourd'hui prétentieuse, superficielle, mais cette fille qui se remet du rouge à lèvres en classe est sans nul doute la plus gentille qu'il me fut donnée de connaitre. Autrefois, son regard pétillait au son des rires et des fous-rire. Parfois, j'ai l'impression de retrouver au fin fond de ses yeux sombres cette étincelle qui l'animait, et d'autres fois j'ai l'impression qu'elle est éteinte à tout jamais. Pourtant je suis certaine que la personne qui en prendra le temps parviendra à la refaire rire d'une manière spontanée et honnête, qu'une personne parviendra à nouveau à faire fondre son coeur et à le refaire battre avec envie. Cette fille qui jadis rayonnait, elle n'a pas disparu, elle s'est peut-être enfuie, mais je suis persuadée qu'elle reviendra.
▬ Rhee Hye Sun, (ancienne) meilleure amie.

Toutes les mères voient leur petite fille comme l'incarnation de la perfection, du moins je le pense. Je n'ai pas toujours été là pour elle, en fait, je ne l'ai même jamais été. Peut-être un peu vers la fin, mais je ne l'ai pas réellement vu grandir. Pourtant, j'en ai toujours été fière, lorsque je la voyais, je n'en revenais pas d'avoir une telle fille. On me parlait d'elle toujours en bien, on s'exclamait de son don pour la danse, pour ses bons résultats scolaires, pour sa douceur, sa gentillesse, elle était réellement la petite prodige de la famille. Puis il y a eu cette terrible tragédie... Du cygne blanc qu'elle admirait tant, elle est passée au cygne noir. Toutefois, aujourd'hui plus que jamais, elle a besoin d'être entourée, même si elle se refuse à l'admettre.
▬ Kang Soo Min, mère.

Cette fille c'est sans doute la pire garce que je connaisse. Je sais pas ce qui la pousse à autant haïr ce qui l'entoure, et à ne sembler aimer que sa propre personne, mais une chose est sûre, rare sont les gens qui l'aiment réellement, elle et ses airs supérieurs. Mon frère en était tombé amoureux, comme pas mal d'autres avant lui. Elle lui a broyé le cœur, l'a envoyé promener comme ce n'est pas permis. Genre, il était pas assez bien pour elle peut-être, mais cette pouffiasse ne mérite qu'à finir seule, et ressentir le mal qu'elle a fait aux autres.
▬ Anonyme.

Faire la liste des choses qu'elle déteste serait bien trop long, elle est tellement... compliquée. Ainsi, faire la liste des choses qu'elle aime s'avèrent beaucoup plus simple. Premièrement, depuis qu'elle est enfant, elle est passionnée de musique. Elle joue du piano ainsi que du violon, surtout du violon, et pratique la danse classique pour ainsi dire depuis qu'elle sait marcher. Elle chante également, même si c'est secondaire, mais sa voix n'en demeure pas moins magnifique. Oui, la musique est réellement sa première passion, celle qui l'emporte sur tout le reste. Enfant, son rêve était de rejoindre un ballet, son préféré était - et est toujours - le Lac des Cygnes.
Mais outre la musique, elle est sportive. Loin d'être casanière, elle aime sortir, marcher, courir, nager. C'est sans doute à cela qu'elle doit son corps d'athlète. Toutefois, il n'est pas rare non plus de la voir bouquiner au pied d'un arbre, lunettes sur le bout du nez.

La chose qu'elle déteste le plus est sans doute l'homme, l'être de sexe masculin. Elle a ses raisons, qu'elle ne divulgue pas, et prend un malin à les faire souffrir à leur tour. Toutefois, une fois que l'un d'eux est trop prêt d'elle. Elle panique, perds tous ses moyens. De la même manière, elle a du mal avec les filles qui n'hésite pas à coucher avec n'importe qui n'importe où n'importe comment. Même si parfois, elle est elle-même considérée comme une fille facile, elle sait que ce n'est pas le cas, et ne peut s'empêcher de haïr celles qui le sont réellement.

L'affection qu'elle ne donne pas aux humains, elle la refile aux animaux qui passent entre ses mains, principalement les chats, qu'elle aime tout particulièrement. Dans un sens, elle y ressemble, solitaire et indépendante, mais peureuse et méfiante. Elle ne supporte pas qu'on maltraite ces êtres inoffensif, et a parfois la fâcheuse tendance de trop prendre ces soucis à cœur.

Je suis née il y a donc de ça dix-huit ans. Avant toute chose, il faut vous présenter la famille Kang. Elle est à la tête d'un groupe commercial qui emploie plusieurs milliers de coréens, et même de chinois et de japonais. Le patron, mon père, est un homme froid et distant, bel homme et qui enchaine les aventures à gauche et à droite. Ma mère quant à elle a développé sa ligne de vêtements au sein de l'entreprise, et n'avait que très peu de temps à m'accorder. Ils me donnèrent le nom de Maria, sans doute parce que c'était l'un des rares noms occidentales qu'ils connaissaient, et que ça faisait bien. Je grandis entre suivantes et majordomes, sans qu'aucun de leurs visages me restent en tête : ils défilaient tous telle un ronde autour de moi, quand j'y repense j'en ai la migraine.
J'ai toujours été considérée comme la fille prodige des Kang, et ce statut me plaisait. À l'école, je me faisais pas mal d'amis, pas pour ce que j'étais, mais pour ce que je représentais. En le disant comme ça, ça n'a rien de fort réjouissant, mais petite, j'en profitais pleinement. Ma vie fut plate et monotone, je grandissais comme toute fille de riche, entre éducation parfaite, et bande de copain tout aussi riches ou presque. En fait, ma vie changea radicalement aux alentours de mes quatorze ans.

À l'adolescence, tant de choses changent, on prend conscience de ce qu'on est, de ses atouts de ses défauts. C'est à cette période que se situent généralement les premiers petits copains, et je n'échappais pas à la règle. Il y avait dans mon école un garçon en particulier dont j'étais amoureuse. Je n'étais pas la seule d'ailleurs, il avait tout un parterre de filles à ses pieds. Ma fierté et mon rang m'empêchait de me rabaisser à ce niveau, et c'est peut-être cela qui fit qu'il me remarqua plutôt qu'une autre. On fit connaissance, en tout bien tout honneur. Il était plus âgé que moi, mais je n'y prêtais guère attention. Dans les livres aussi le garçon était toujours plus âgé. Mais ce à quoi je n'avais pas pensé, c'était qu'il avait d'autres aspirations que moi. Un jour il m'invita à la fête foraine. J'en était tellement heureuse que j'avais bouclé mes cheveux, avait emprunté le plus joli rouge à lèvre de maman, et revêtu ma plus jolie robe. J'étais heureuse, vraiment heureuse, mais je ne savais pas encore que ce serait sans doute la dernière fois de ma vie que je le serais à ce point, voir même que je le serais tout court. Les premières heures se passèrent sans accrocs, deux tourtereaux innocents qui se baladaient parmi les attractions.

Il y avait bien moins de monde aux alentours de minuit. Il m'attira à l'arrière d'un bâtiment sans même que je m'en rendis compte. Sur le moment, je ne compris pas ce qu'il se passait. Son regard de prédateur me dévora, à m'en faire paniquer. Je tentai de le repousser, mais je ne sus rien faire. Je hurlai, mais personne non plus ne sembla m'entendre. Cette nuit-là, il me brisa en deux, et me détruit de l'intérieur. Il arracha mes vêtements, défit mes cheveux, et me força à lui faire l'amour, ignorant mes larmes, et la pitié que j'implorais. Une fois qu'il eut fait son affaire, il téléphona à l'un des majordomes pour qu'ils viennent me chercher , peut-être la seule preuve de respect qu'il eut pour moi cette nuit-là, puis s'en alla. Mon valet personnel accourra dans les quelques minutes qui suivirent. Il ne me posa pas la moindre question, en fait, comme un accord tacite, personne n'évoqua plus jamais cet évènement. Ma mère légua sa chaine de vêtements à sa sœur afin de pouvoir être présente pour moi, tandis que mon père refila certaines de ses responsabilités à ses cadres, avec certaines de ses maitresses également.

Les années passèrent, et j'aurais pu oublier, passer à autre chose, toutefois, je n'y parvins jamais. Les quelques malheureux qui osèrent m'approcher repartirent bredouille. Je les blessais, et j'en étais consciente, mais en chacun d'entre eux, je revoyais le regard de mon agresseur. Ma vie redevint ce qu'elle était, plate et monotone, mais le soleil qui l'avait éclairé durant mes quatorze premières années de vie était à présent caché par de lourds nuages sombres.

L'année suivante, il me fallut choisir une école, et bien sûr mes parents avaient en vu la meilleure de toutes ; la Haengbok Academy. Personnellement, ça ne m'emballait pas vraiment, mais quelle importance après tout. Pour tout le monde, c'était une évidence ; j'étais douée, intelligente, et riche. Ma place était là, et nul part d'autre. Mes parents me voyaient déjà rentrer dans la spéciale A, mais je les ai déçu en rentrant dans le dortoir B, pour ma part, je m'en foutais, même si l'uniforme de la S.A. était plus beau. Mais au moins, dans le dortoir B, j'allais pouvoir me fondre relativement bien dans la foule, ça me convenait. La première fois que je suis rentrée Haengbok, la fille de riche que j'étais fut néanmoins abasourdie par la beauté et le luxe de l’académie qui se ressentait presque jusque dans l'air que l'on respirait.

Quelques temps plus tard, j'appris que l'école allait accueillir des délinquants d'une école voisine, et cette nouvelle eut l'effet d'une douche froide sur moi, et ce malgré le sang froid que je tentais d'appliquer à cette idée. Depuis, il est vrai que je me sens bien moins tranquille, et j'avoue avoir paniqué plus d'une fois pour rien, mais revenir en arrière et d'une manière ou d'une autre impossible, et je vais donc devoir faire avec, à mon plus grand damne.